[singlepic=222,100,75,,right]Et voilà ! Le moment tant attendu, qui récompense de l’effort et de l’attention portés tout au long de l’année. Le mot magique, qui enivre de toutes les images ancestrales de joie, de fête, d’amitié. L’image plus que millénaire, qui évoque l’abondance, la générosité de la Nature, la saveur du raisin bien mûr. Que d’émotions pour cette première vendange… Mais soyons honnêtes, c’est bien plus angoissant que ça !
Quelques jours avant, la date des vendanges est décidée après une visite de la parcelle avec dégustation de raisin et refractomètre en main. Ce sera samedi 20 septembre. Bon, il n’y a plus qu’à appeler les copains pour vendanger.
Trois jours avant la dite date, on est trois ! Alors qu’il faudrait être au moins une douzaine, pour récolter les 0,8 ha en environ 7 heures. Et les vendanges manuelles en Cotes du Marmandais, c’est plutôt rare. La veille, je trouve une équipe disponible a priori le Samedi, et je vais les voir pour être sur de leur présence. A priori, on sera neuf! C’est mieux… Le Samedi matin, on est même 13. Ouf…
Les caisses, qui a les caisses pour ramasser? Une semaine avant, je demande en urgence une proposition de prix au fabricant de cagettes. Pas de réponse… Là encore, on nous prête plus de 200 cagettes, le plateau pour les transporter, et une douzaine de seaux pour les cueilleurs. Soulagement… La veille, on répartit avec Bernard les caisses vides dans les rangs.
Et les sécateurs, tu y as pensé ? Demain, l’équipe est là à 8 heures, et j’ai 2 sécateurs dont un qui ne coupe pas… Facile, je file à la coopérative acheter une dizaine de sécateurs ! C’est bon, j’en trouve une dizaine en vidant leur rayon, mais pas tous les mêmes…
Et le casse-croûte ? Il parait qu’il ne faut pas laisser partir les vendangeurs à midi, sous peine qu’ils ne reviennent pas ! Véro va donc acheter de quoi faire un casse-croûte léger (genre pain, pâté, saucisson…), et on mangera tous ensemble, c’est plus sympa !
Enfin, les dernières observations des trois cépages du vignobles ont montré que :
– le merlot commence à présenter des traces de botrytis; au goût, il est bien mûr. Il est temps de vendanger…
– le cabernet franc n’appelle aucune remarque; il est parfaitement sain; au goût, il est encore acide, donc pas arrivé à maturité.
– l’abouriou… catastrophe. Attaque généralisée de botrytis. Les grappes très denses, trop nombreuses, la jeunesse de la vigne, les pluies fréquentes, la sensibilité de ce cépage, … bref, une floppée de raisons pour expliquer la présence de ce champignon destructeur. La décision est dure, mais personne ne prendra un raisin dans cet état. On fera donc tomber toutes les grappes à terre, ou on les enlèvera de la parcelle, et on attendra l’an prochain. Dur, dur…
Alors, facile, les vendanges ? Je vous promets que la première vendange est vraiment stressante ! Mais le métier rentre, et la deuxième sera certainement mieux abordée…
Finalement, le jour J arrive, samedi 20 septembre. Et tout se passe miraculeusement bien, et même très bien ! Le temps est magnifique (même si ça colle aux chaussures le matin), et tout se déroule comme dans un livre : la cueillette dans les seaux, les seaux vidés dans les cagettes, les cagettes ramassées en tracteur, puis chargées sur le camion; la pause café vers 10h, le casse-croûte sympa à midi, la bonne ambiance toute la journée. De 8h à 15h, tout le merlot est ramassé.
Et enfin la vue de notre raisin parfaitement traité, éraflé, trié, et encuvé par d’autres mains expertes. Résultat : environ 2.200 kg de merlot ramassés, 19 hectolitres encuvés, presque 14 degrés (c’est trop, mais la vigne est jeune!).
Et le soir, on est vidé d’autant de stress, de fatigue physique, d’émotions. Mesdames, ce n’est pas un peu comme ça, le baby-blues ?… Et merci à ceux qui nous ont tant aidé pour cette superbe journée.