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[singlepic id=623 w=100 h=70 float=left]Dès le mois de mai, la réputation du millésime 2013 était écrite dans tous les journaux ! Petite quantité, millésime médiocre, technique, de vigneron, … Le pauvre petit, affublé de tels épithètes, il fallait l’oublier bien vite, et passer tout de suite à 2014 ! Comme si il fallait produire tous les ans le millésime du siècle.
Oui, le printemps froid et pluvieux n’a pas favorisé une fructification généreuse.
Oui, les orages de grêle ont détruit une partie de la récolte de collègues malheureux.
Oui, la sécheresse de l’été a pu bloquer l’évolution normale du raisin.
Oui encore, les pluies de septembre ont bien dilué le jus des parcelles touchées.
Oui enfin, cette mauvaise météo d’avant vendanges a favorisé le développement du botrytis, ennemi de tout vigneron en attente de vendanger.
Bon, effectivement, le tableau n’est pas très brillant… et nous soutenons moralement ceux qui ont souffert lourdement de ces conditions.
Mais je dois avouer que notre coteau bien-aimé nous aide efficacement dans notre nouvelle vie de vigneron : de tous les fléaux ci-dessus, nous n’avons pas souffert à Beyssac. Nos méthodes de culture, le terroir, la chance, tout nous a favorisé !
Nous avons même pu décaler la date de vendanges pour attendre la maturité optimale du raisin, sans mettre en péril la qualité (voir en fin de page pourquoi…). Seule la « coulure » a réduit légèrement le rendement de certaines parcelles de merlot (fécondation imparfaite).
Et finalement, à Beyssac, le 27 septembre, nous étions tous là, au rang n°1, prêts à commencer l’aventure du millésime 2013… Pour ceux qui n’ont pas suivi la longue histoire de Beyssac, nous n’avons jamais commencé les vendanges aussi tard !
Nous avons ramassé du raisin de bonne qualité, en quantité à peu près normale, avec des abourious magnifiques, des merlots un peu en-dessous par rapport à d’habitude, et des cabernets francs très fruités.
Quelques interruptions dues à la pluie nous ont permis de faire les confitures de mûres, ramassées et congelées cet été (ça c’est pour vous faire saliver…).
Comme tous les ans, l’équipe, que ce soit à la récolte à la vigne ou à la réception au chai, a fait des merveilles, dans la bonne humeur, et avec une efficacité redoutable : 27 tonnes de raisins ont été cueillies, triées et encuvées !
La nouveauté de l’année, une benne rouge pour récupérer et vider les rafles ou les marcs, nous a économisé beaucoup de fatigue et de nettoyage.
Un seul drame à déplorer : la bâche, qui nous protège courageusement des intempéries et du soleil, a été sauvagement attaquée et déchirée par un gerbeur non replié… Recousue sans anesthésie, la bâche a quand même pu voir la fin des vendanges.
Nous avons fini les vendanges le 9 octobre 2013, et conclu l’épisode, comme toujours en Gaule, par un banquet bien animé et bien sympathique.
Les vinifications (bio, évidemment) se sont déroulées facilement et les vins sont très agréables à goûter. La cuve où l’abouriou est pré-assemblé aux merlots (40%-60%) est vraiment superbe : elle fera très certainement L’Essentiel 2013. Les autres cuves, très fraîches et fruitées (merlot, cabernet franc, côt), vont composer un très bon Initial.
Nous pensons donc que le millésime 2013 sera à Beyssac un millésime très agréable, avec des matières et des concentrations qui seront sa signature.
Cette année 2013 était certes particulière. Mais le vin n’est pas un produit industriel : le vigneron doit composer avec la bonne volonté de la Nature, l’accompagner pour récolter le meilleur raisin possible, et l’aider pour produire le vin qu’il pense être le meilleur possible. Nous ne pouvons pas faire le vin du siècle tous les ans, et nous ne pouvons pas faire le même vin tous les ans.
Sauf à abuser de méthodes chimico-industrielles invasives, sans rapport avec notre vision du métier de vigneron bio…
Laissons s’exprimer le millésime !
Date des vendanges
A l’approche des vendanges, la date de récolte qui, idéalement, est déterminée par la maturité du raisin, est perturbée par les pluies et le développement du botrytis (pourriture grise).
Soit vous êtes très joueur, et attendez que le raisin mûrisse. Les risques :
- le botrytis, qui peut être explosif en conditions humides, vous mange la récolte en quelques jours
- les pluies diluent les jus des raisins, qui perdent en concentration
- le raisin, avec cette mauvaise météo, a du mal à mûrir
- le vin peut prendre des mauvais goûts dus au botrytis, et aura moins de matière à cause de la dilution
Soit vous êtes trop prudent, et vous récoltez trop tôt. Les risques :
-
un raisin pas assez mûr, avec des goûts végétaux, et une acidité élevé
-
des vins plus acides, plus maigres, sans matière, et aux goûts verts et végétaux
Vous l’aurez compris, il faut jouer entre ces deux extrêmes ! Etre attentif à la météo, à l’état de la vigne, observer l’évolution du botrytis, goûter les raisins (les 3P : peau, pulpe et pépin), et un beau jour dire : « demain, 8h, tout le monde au rang n°1 avec son sécateur » !