[singlepic id=351 w=100 h=70 float=left]Une nouvelle aventure démarre dans l’histoire toute récente de notre vignoble. Nous avons engagé la parcelle en Agriculture Biologique (AB). Par conviction technique (conduite d’une vigne sans intrants chimiques), par conviction personnelle (notre environnement se dégrade de façon certaine: ayons une pensée – et agissons – pour ceux qui y vivront plus tard), et un peu par conviction commerciale (le logo AB apporte aujourd’hui un petit plus).
Il nous faudra 3 ans pour obtenir enfin le logo AB, de multiples contrôles et auto-contrôles, et des surcoûts probables. Il faut donc être sacrément motivé…
De la conviction technique…
Une vigne semble assez facile à conduire en AB. Quelques produits restent indispensables, et sont autorisés par l’AB car ce ne sont pas des produits chimiques de synthèse :
- fongicides: le cuivre et le soufre, contre les maladies cryptogamiques type mildiou et oïdium.
Le cuivre, à trop forte dose, peut avoir un effet phytotoxique, et on ne doit pas dépasser la dose de 6 kg de cuivre par hectare et par an. Notre pulvérisateur face par face permet une protection précise et efficace de la végétation, sans en envoyer partout en l’air… et nous permet ainsi de rester largement en dessous des doses autorisées.
Le soufre n’est pas limité. - insecticides: la pyrèthrine, contre certains insectes (cicadelle de la flavescence dorée).
Cet insecticide biodégradable (extrait naturel des fleurs de pyrèthre, genre de chrysanthème), a l’inconvénient de coûter une petite fortune ! Il semble épargner les principaux insectes auxiliaires (les bons, ceux qui mangent les vilains…). - herbicides: aucun.
Nos techniques de culture, mises en place dès 2008, nous permettent déjà de nous en passer: outil intercep pour désherber sous les rangs, et enherbement semé entre les rangs.
Certaines autres opérations exigent le remplacement de la chimie par … de l’huile de coude ! Source d’énergie renouvelable et inépuisable (…), elle a cependant un coût supérieur, et explique bien souvent les prix plus élevés de la production AB.
De la conviction personnelle…
Bon, suffisamment de grands personnages ont disserté sur le sujet, je n’en rajouterai pas des tartines.
On est simplement en train de saloper notre jardin. Donc : diminuons la quantité de saloperies (et commençons simplement par celles inutiles), et nettoyons chacun un peu. Ca ne ressemble pas à une tâche insurmontable, ni à un programme d’extrémiste, encore moins à un retour à l’âge des cavernes, mais je resterai toujours stupéfait par la puissance des freins devant les évidences…
La conversion à l’AB sera notre petite contribution.
De la conviction commerciale…
Aujourd’hui, l’AB a le vent en poupe : son développement est assez soutenu, et la demande ne faiblit pas. Le logo AB est un plus indéniable pour la vente de vin dans un marché difficile.
Mais je pense sincèrement, et j’espère fortement, que l’AB va petit à petit devenir la norme (ou plutôt redevenir, car elle l’était naturellement avant-guerre). Elle va pouvoir concurrencer l’Agriculture Conventionnelle, grâce à cette forte demande qui va conduire à une augmentation des surfaces, à une amélioration des techniques culturales, à une baisse de prix des produits AB.
Je ne vois pas trop ce qui pourrait rompre ce cercle vertueux qui manifestement se met en place, mis à part, bien sûr les freins cités plus haut. Et les grands chimiquiers.
L’avantage présent d’un produit AB devrait donc petit à petit se noyer dans la masse future. Cette conviction risque donc d’être très temporaire…